jeudi 20 mai 2010

Un petit aperçu de l'exposition de Jean-Michel Asselin

En attendant l'ouverture de l'exposition de
Jean-Michel Asselin
le jeudi 20 mai 2010 à 19h,
au sein de notre librairie Gaia-Store,
nous vous proposons un petit aperçu de l'exposition.

A gauche les grands pans nord de l’Everest, au centre, le Lhotse (8516 m) et l’élégant Nuptse (7.864 m) à droite. La voie normale de l’Everest remonte la cascade de glace, en bas au centre et rejoint à 7.887 m, le fameux Col Sud, camping sans doute le plus haut du monde, bien visible entre le Lhotse et l’Everest. J’ai pris ce cliché un beau jour de novembre, depuis le sommet du Pumori, un petit satellite voisin dont le nom signifie la Jeune Fille. Le Pumori culmine à 7161 m environ. Nous étions deux au sommet ce jour là, Jean -Christophe Lafaille et moi même. Je me souviens du silence, de la lumière qui me clouait au sol... Je me souviens que jamais le sommet n’arrivait et que Jean-Chri m’a fait des signes de main à un moment précis, juste au dessus d’une sorte de corniche de neige et que dans ma tête raisonnait ce refrain absurde : je vais y arriver, je vais y arriver ! J’étais gêné parce que je ne pouvais mettre mon bonnet, il m’était impossible de m’arrêter, toute rupture de rythme m’aurait immobilisé à jamais. J’eûs voulu qu’à ce moment, des spectateurs nous regardent pour comprendre ce qui se jouait là. L’altitude me rendait à ce point stupide que j’imaginais que ces quelques pas à la cime étaient incroyablement importants. J’avais terriblement soif, et j’ai pensé que le bonheur était absurde. Cette solitude qui régnait, ce sentiment d’être abandonné du monde et de le posséder. Puis ce ciel bleu jusqu’à l’indécence. Pour ma part, ce sommet et toute visite en altitude furent irréelles, transgressives. Jamais, dans mes rêves, je ne rejoins un sommet, comme ce jour là, non, toujours, toujours j’échoue, toujours les sommets sont ridicules (une route en voiture y conduit par un autre versant). Du haut du Pumori, je n’ai pas réussi à penser à l’en-bas.
C’est mon seul regret.

 1988, mon premier voyage à Lhassa. La ville ressemble encore un peu, dans certains quartiers, à une cité tibétaine. Je ne sais si la demeure du 6 ème Dalaï Lama (Tsangyang Gyatso, le poète, amateur de femme) n’était pas déjà devenue un café. Les prostituées n’étaient pas encore l’âme de la rue, tricotant devant leur boutique. Je logeais dans un hôtel près de la rivière Kychiu et je n’avais pas identifié que les jeunes filles qui se racontaient des histoires dans le lobby de l’hôtel étaient des putes. Je pensais que dans cette terre des Dieux, même les Chinois n’auraient aimé que le commerce de la chair supplante celui du divin. Cet arc en ciel dans l’orage du soir avait quelque chose de mystique. Entre la décadence et la splendeur.

 La surprise d’un sourire
Une petite Tibétaine de la vallée de la Kharta. Sourire est la chose la moins évidente pour nous. Combien sommes-nous à nous extasier devant ces peuples qui sourient? Combien sommes-nous à évoquer leur vie dure, l’absence de confort, et pourtant ils sourient ! Comment font-ils ? Comment sont-ils ? Comment vont-ils? Et leur sourire nous revient en pleine gueule, nous posant avec une acuité cette question qui nous épatent : nous, savons-nous sourire, et pourquoi ?


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